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August 19 2011 5 19 /08 /August /2011 22:27

tora levitique

 

Sauf précision, tous les passages tirés des Saintes Écritures sont extraits de la Version Ostervald révisée édition de 1996.

 

Lorsqu'Il lui fit voir la vision de la nappe s'abaissant vers la terre, Dieu a-t-il voulu montrer à Pierre que l'interdiction concernant la consommation des viandes impures était levée? Nombreux sont ceux d'entre nous auxquels il fut affirmé que ce rêve de Pierre en Actes 10 était un acte de Dieu déclarant tous les animaux purs et aptes à la consommation. Cette interprétation comporte cependant certaines failles. En effet, ce n'est absolument pas ce qu’affirment les Écritures. Pas plus Pierre d'ailleurs. Nous découvrons lorsque nous nous efforçons de comprendre un peu mieux le sens de ce passage, que Pierre comprenait cette vision de manière bien différente.  L'interprétation traditionnelle consistant à vouloir croire que ce passage déclarerait que tous les aliments sont purs, devrait être réexaminée afin d'en découvrir le sens véritable. Voyons de plus près ce qui nous y est dit.

 

Fausse interprétation de la vision

 

Simon Pierre résidait chez Simon le corroyeur (ou tanneur, selon les traductions) à Joppe. Pierre était sur le toit à prier, souhaitant probablement échapper aux odeurs nauséabondes qui peuvent être celles que l'on s'attendrait à trouver chez un tanneur. Étant un pêcheur, Pierre était certainement habitué aux odeurs fortes, le commerce de la tannerie tel qu'il était anciennement pratiqué était cependant réputé bien pire à cet égard. Ainsi donc, Pierre priait sur le toit de cette maison. Alors qu'il priait, il eut une vision.

 

Dans cette vision, il vit une grande nappe descendre du ciel contenant des animaux purs et impurs. Il entendit également une voix qui lui disait : « Pierre, lève-toi, tue, et mange »  (Actes 10:13). La vision de la grande nappe descendant du ciel est généralement interprétée comme signifiant que les lois alimentaires telles que prescrites dans la Torah ont été révoquées. Le passage dans son entier ne supporte cependant pas cette interprétation.

 

Premièrement, cette interprétation contredit ce qui fut écrit auparavant dans les Écritures. Si nous acceptons comme valide cette interprétation traditionnelle du texte (c'est-à-dire que Dieu souhaiterait que son peuple ne respecte plus les lois du pur et de l'impur), alors nous devons reconnaître que Dieu à changer Son opinion à ce sujet et qu’il a rejeté Sa Torah éternelle et inchangeable. Nous sommes alors en présence de Saintes Écritures qui se contredisent elles-mêmes. Il résulte d'une telle manière de penser que nul passage des Écritures n’est alors certain et que nul mandat donné par Dieu n'est alors définitif.

 

Deuxièmement, le problème existant avec une interprétation voulant que dans le cas de la vision de Pierre « tout aliment soit désormais pur », est précisément qu'il ne s'agit que d'une vision. L'approche traditionnelle semble vouloir nous faire croire que Pierre tua et mangea les animaux présents sur la grande nappe, qu'il se délecta d'un festin d'animaux sauvages, de chats et de lézards. En réalité, Pierre ne tua ni ne mangea aucun de ces animaux. Très justement il répondit, en accord avec le commandement divin: « Non, Seigneur; car je n'ai jamais rien mangé d'impur ou de souillé ». Après que cela se fut répété encore deux fois, la grande nappe fut retirée de devant lui.

 

Troisièmement, l'interprétation traditionnelle qui voudrait que « tout aliment soit désormais pur »  ignore l'antécédent biblique que l'on retrouve en Ézéchiel 4:11-15. Dans ce passage de l’Ancien Testament, il est demandé au prophète Ézéchiel de manger du pain rendu impur suite au contact avec des excréments humains. Comme Pierre le fit, Ézéchiel se rebiffe:

 

« Alors je dis: Ah! Seigneur Éternel, voici, mon âme n'a point été souillée; et depuis ma jeunesse jusqu'à présent, je n'ai mangé d'aucun corps mort, ni d'aucune bête déchirée, et aucune chair impure n'est entrée dans ma bouche » (Ézéchiel 4:14).

 

De la même façon que Dieu céda et autorisa Ézéchiel à utiliser de la fiente de bœuf, Il retira de devant Pierre la grande nappe.

 

Quatrièmement, l'interprétation qui voudrait que « tout aliment soit désormais pur »  n'a rien à voir avec le récit contenu en Actes 10. Bien qu'en Actes nous assistons à un débat évident concernant le fait de partager un repas et de se mêler à des gentils, il n'est fait nulle part mention avant ou après cette vision d'un débat concernant la consommation d'aliments impurs. Le livre des Actes ne permet pas une telle interprétation. Il dépeint plutôt les disciples de Christ comme étant une secte issue du Judaïsme et respectueuse de la Torah.

 

Enfin, et ceci est un fait encore bien plus important, cette interprétation selon laquelle « tout aliment serait désormais pur » contredit l'interprétation même qu'en fait Pierre plus tard au chapitre 10 et ensuite au chapitre 11.

 

En dépit de ces objections, Actes 10 est souvent utilisé comme étant l’un des passages bibliques qui déclarerait obsolètes les règles alimentaires. Une lecture attentive révèlera cependant que ce passage ne suggère nullement un changement concernant l'observance des restrictions alimentaires que l'on retrouve dans la Torah.

 

Le sens réel de la vision

 

La Bible ne nous permet aucun doute quant au sens réel de la vision de Pierre. En Actes 10:28-29, Pierre en explique le sens. Par la suite, en Actes 11:1-18, il l'explique de nouveau à ses condisciples à Jérusalem. Ainsi, toute tentative de réinterpréter cette vision comme constituant une preuve d’un rejet par Dieu des lois diététiques telles que contenues dans la Bible est non seulement injustifié, mais également contraire aux Écritures.

 

Pierre en donne l’explication suivante: « Dieu m'a appris à ne dire aucun homme souillé ou impur » (Actes 10:28, emphase de l'auteur). Cela signifie que l'on ne devrait pas désigner un groupe d'êtres humains comme étant rituellement pur et un autre groupe comme étant rituellement impure. La vision ne parle littéralement pas de consommation d'aliments ou de cannibalisme. Au lieu de cela, les animaux purs et impurs sont compris comme représentant de manière métaphorique des êtres humains.

 

L'impureté et les gentils.

 

L'une des mesures d'austérité partie prenante du judaïsme du premier siècle était l'interdiction faite d'entrer dans la maison des gentils (ou païens) et de partager un repas avec ces mêmes gentils. Bien que nous ayons peu d'informations sur la nature exacte de cette prohibition, elle est clairement suggérée en Jean 18:28, Actes 10:28 et Galates 2:11-15. Il semble que se soit également ce à quoi fait référence la Mishna lorsque nous lisons: « Les lieux d'habitation des gentils sont impures » (m.Oholot 18:7).

 

La Torah de Moïse ne contient pas de telle loi. Il n'y a nulle loi qui dans la Bible interdit à un juifs de se mêler ou de manger avec des gentils. Il existe des prohibitions interdisant de se nourrir de viandes sacrifiées à des idoles, mais Dieu n'a jamais interdit d’entrer dans la maison d'un gentil ou de partager un repas avec lui. Ces règles et traditions semblent avoir émergés comme mesures de protections décrétées par les rabbins afin d’éviter aux juifs toute contamination rituelle et toute assimilation culturelle. D’après l'interprétation que faisait généralement le judaïsme du premier siècle des lois du pur et de l'impur, les gentils était catégorisé comme impurs et ainsi donc évités. Manger avec eux étaient fortement découragés; entrer dans leurs maisons était perçu comme un acte de contamination.

 

Jusqu'à ce qu'il ait reçu cette vision, la compréhension de Pierre sur le sujet était celle d'un juif de son temps: il ne devait pas se mélanger à des gentils, entrer dans leurs maisons et manger avec eux. Il y a des ramifications théologiques à cela. S’il n’était pas permis à un juif de partager un repas avec des gentils, comment pouvaient-ils donc être susceptibles de remplir les conditions nécessaires au Royaume des Cieux!

 

Les idées préconçues de Pierre étaient cependant erronées. Ces interdictions n'avaient pas leur origine dans la Bible, mais étaient seulement le résultat de mesures d'austérité procédant d'interprétations humaines du texte biblique. Dieu n'a jamais déclaré les gentils impures, pas plus qu'Il n'a déclaré leurs maisons et leur nourriture intrinsèquement souillés. Malgré cela, les juifs du premier siècle, si ils étaient invités à partager un repas dans la maison d'un gentil, auraient refusés, estimant que la nourriture était (de façon théorique) rendue impure par contact avec les gentils - même si ce qui était servi à cette table l'était dans le respect des règles alimentaires de Lévitique 11. Selon ce raisonnement, un juif du premier siècle qui se rendait chez un gentil se trouvait alors dans un état assumé d'impureté rituelle.

 

Pour cette raison, et si ce n'avait été pour la vision de la grande nappe, Pierre aurait refusé de répondre à l'invitation qui lui était fait de se rendre chez le centurion romain Corneille. Il aurait également refusé d’accepter la notion selon laquelle les gentils peuvent être partie prenante du Royaume des Cieux. La vision de la grande nappe vise à corriger toute conception erronée concernant ces deux points bien précis.

 

Savoir distinguer entre le pur et l'impur

 

Alors que la grande nappe descend du ciel, Pierre s'aperçoit qu'elle contient à la fois des animaux purs et impurs. Il lui est recommandé « de tuer et de manger ». Il refuse, déclarant : « Non, Seigneur; car je n'ai jamais rien mangé d'impur ou de souillé » (Actes 10:14). La réponse de Pierre à cette voix céleste est tout à fait juste. Il refuse « de tuer et de manger » des animaux impurs estimant que Dieu a bel et bien désigné par le passé les animaux impurs comme impropres à la consommation. C'est pourquoi, la voix répond et déclare « Ne regarde pas comme souillé ce que Dieu a purifié ». L'inverse est peut-être également vrai: « Ne regarde pas comme pur ce que Dieu a déclaré impur ».

 

Pierre a correctement fait la distinction entre le pur et l'impur, refusant de se nourrir de ce qui est impur puisque c’est Dieu Lui-même qui en a voulu ainsi. Comment donc Pierre oserait-il déclarer impur ou souillé ce que Dieu déclare pur, c'est-à-dire des êtres humains lavés de leurs péchés par la foi? Ce message est de la plus grande importance: « Tu as très justement fait la distinction entre les animaux purs et impurs en te basant sur Mon autorité; maintenant reçoit les gentils comme purs sur la base de Mon autorité ». Comme Pierre l'explique, « Dieu m'a appris à ne dire aucun homme souillé ou impur » (Actes 10:28, emphase de l'auteur). Notez bien que Pierre ne dit pas: « Dieu m'a montré que je ne devrais pas déclarer quoique ce soit d'impur ». Pierre a compris la vision comme étant une correction apportée à une tradition voulant que les juifs ne puissent se mêler à des gentils - non pas comme une altération des restrictions bibliques concernant la consommation des animaux impurs.

 

Dieu explique la vision

 

Le sens de la vision n'est pas immédiatement clair pour Pierre. Actes 10:17 nous raconte comment Pierre était grandement perplexe quand au sens à donner à cette vision. Il est évident qu'il avait bien de la difficulté à comprendre que cette vision puisse tout simplement faire référence à une soudaine abolition des règles alimentaires. Il se demandait toujours ce que cette vision pouvait bien signifier lorsque les gentils envoyés de chez Corneille arrivèrent à la maison où il résidait alors à Joppe. Il pu les entendre demander après lui, cherchant à savoir si il logeait bien là. C’est alors que soudainement, l’Esprit de Dieu lui révéla le sens de la vision: « Voilà trois hommes qui te demandent. Allons, lève-toi, descends, et t'en va avec eux, sans faire aucune difficulté; car c'est moi qui les ai envoyés » (Actes 10:19-20). Enfin, la signification lui en était donnée. Il ne devait pas considérer les gentils comme impurs. Il ne devait nullement hésiter à les accompagner, à manger avec eux et à entrer dans leurs maisons. En d’autres mots, Dieu l’avait instruit à reconnaître les croyants non juifs - et non pas le porc et les fruits de mer - comme purs.  

 

Traduit d'après "HOLY COW!" par Hope Egan.    

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