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October 18 2011 2 18 /10 /October /2011 15:56

Hebrew Yahveh

 

« on l'appellera l'Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Père d'éternité, le Prince de la paix » (version Ostervald)

 

« Il crie son nom: Merveilleux conseiller, héros d’Él, père pour toujours, prince de la paix » (version Chouraqui)

 

Les trinitaires eux-mêmes devraient admettre que ce verset est imparfaitement traduit, puisque Yeshua n’est appelé « Père d'éternité » nulle part ailleurs dans les Écritures. De  fait, les trinitaires rejettent très justement l’idée selon lequel Yeshua serait le « Père d'éternité ». Il est fondamental, selon la doctrine trinitaire, de ne pas « confondre les Personnes, ni diviser la substance » (Le Symbole d’Athanase). Ainsi, si ce verset est réellement traduit de façon correcte, les trinitaires se trouvent face à un réel problème d’interprétation. Toutefois, le mot qui fut rendu par « éternité » pourrait en fait être traduit par « âge » ou « siècle ». Une traduction correcte serait ainsi de dénommer Yeshua « père de l’âge [à venir] », ou encore comme le fait la version Darby, « père du siècle ».

 

Dans la culture biblique et hébraïque, tous ceux qui étaient réellement important par ce dont ils étaient à l’ origine, étaient appelés « père » en référence à cela. Par exemple, Jabal, étant le premier à vivre sous une tente et à élever du bétail, est décrit dans la Bible comme le « père de ceux qui demeurent dans des tentes et près des troupeaux » (Genèse 4:20). De la même manière, puisque Jubal fut le premier inventeur d’instrument de musique, il est appelé « père de tous ceux qui jouent de la harpe et du chalumeau » (Genèse 4:21). Les Écritures n’utilisent pas dans ces versets le terme « père » au sens littéral de père ou d’ancêtre. On sait en effet que ces deux hommes étaient des descendants de Caïn et que leurs propres descendants moururent lors du déluge. « Père » est ici utilisé de manière figurée pour désigner un individu qui initia telle ou telle pratique et qui est par cela reconnu comme d’importance. Puisque le Messie devait être le premier, par sa résurrection d’entre les morts, à établir l’âge à venir et puisqu’il devait être fait Seigneur de cet âge à venir, il peut ainsi justement être appelé « père du siècle » (version Darby) ou de « de l’âge » à venir.

 

Le terme « Dieu fort » [el gibbor en hébreu] pourrait lui aussi bénéficié d’une autre traduction. Bien que le mot « Dieu » puisse être traduit dans la culture hébraïque d’autrement plus nombreuses façons qu’il ne peut l’être dans notre culture, le lecteur ordinaire ne comprend pas nécessairement cela ou n’en a pas conscience. Les lecteurs familiers avec les langues sémitiques savent qu’un homme agissant sous l’autorité de Dieu peut être appelé « dieu ». Bien que le français différencie clairement « Dieu » et « dieu », la langue hébraïque, n’utilisant que des lettres majuscules, ne permet pas une telle distinction. Une traduction plus juste de cette expression pourrait être « puissant héros », ou bien « héros divin ». Martin Luther et James Moffat ont tous les deux traduit cette expression par « héros divin » dans leurs propres versions de la Bible.

 

Il existe, en Ézéchiel 31:11, un exemple clair de l’usage même du mot hébreu traduit par « Dieu » en Ésaïe 9:5. Cette fois, il sert à désigner un puissant dirigeant humain. Dans le cas d’Ézéchiel 33:11, le mot désigne le roi babylonien. Le parti pris trinitaire de la plupart des traducteurs de la Bible est évident si l’on compare Ésaïe 9:6 (el pour Dieu ») avec Ézéchiel 31:11 (el pour « puissant » ou « héros » dans la version Segond 1910). Si de désigner le Messie par le mot hébreu el fait de lui Dieu, alors le roi babylonien devrait également être considéré comme étant Dieu. Ésaïe parle dans ce passage du Messie de Dieu et le décrit comme un puissant dirigeant, et c’est ce qu’il était appelé à devenir à l’époque où fut écrit cette prophétie. La version Martin 1744 ne s’y trompe pas puisqu’elle traduit cette expression par « Fort et puissant ». Notez bien que le passage dans cette version est pris dans son intégralité, le mot Dieu y apparaît en italique, signifiant qu’il s’agit de l’ajout d’un mot inexistant dans la manuscrit original par le traducteur. En effet, « Fort et puissant » est une traduction suffisante et juste de l’expression « el gibbor ».

 

Cette même expression est utilisée, sous sa forme plurielle, en Ézéchiel 32:21 pour désigner les « vaillants héros » qui sont décrits de manière métaphorique comme prenant la parole à partir du séjour des morts. Cette expression est traduite par « puissants héros » dans la version Segond 1910 et par les « forts d’entre les puissants » selon la version Darby. De la même façon, l’expression utilisé au singulier peut référer à un homme « fort d’entre les puissants », à un « puissant dirigeant » ou encore à un « puissant héros ».

 

Le contexte du passage permet d’offrir de nombreux éclairages sur ce verset. Il est également démontré, de par le contexte, qu’il n’y a nulle raison de voir en ce passage un argument en faveur de la Trinité. Il y est plutôt fait référence à un puissant dirigeant choisi par Dieu. Le verset qui introduit le chapitre prédit un temps où « la lumière a resplendi sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort ». La guerre et la mort cesseront, et « [t]oute chaussure qu'on porte dans la mêlée, et le vêtement roulé dans le sang, seront brûlés et dévorés par les flammes » (verset 4). Comment cela adviendra-t-il donc? La lecture de la suite du chapitre nous donne de plus amples détails: « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné » (verset 5). Il n’y a nulle allusion au fait que cette enfant puisse être « Dieu ». Les trinitaires affirment très justement que les Juifs de l’Ancien Testament ne savaient rien de l’ « incarnation ». Pour les Juifs, le Messie devait être un homme oint par Dieu. Il devait d’abord être un enfant, ce que Yéhovah, leur Dieu éternel ne pouvait bien sûr jamais être. Cet homme devait grandir et devenir un dirigeant puissant: « l'empire est mis sur son épaule: on l'appellera l'Admirable, le Conseiller, Fort et puissant, le Père du siècle, le Prince de la paix ». Le Messie est appelé à régner sur le trône de David (verset 6), ce qui ne peut bien sûr pas être affirmé de Dieu. Dieu ne pourrait jamais s’asseoir sur le trône de David. Sa puissance va bien au-delà. Le Messie de Dieu, le « Fils de David » (Matthieu 9:27), peut, quant à lui, s’asseoir sur le trône de David. Une étude sérieuse de ce verset dans le contexte des Écritures démontre que nulle référence n’y est faite à la Trinité. Cela s’adresse bien plutôt au Messie, le Fils de David et le Fils de Dieu.

 

Pour terminer, nous noterons que certaines traductions juives contemporaines, notamment anglo-saxonnes, ont adopté une approche différente de celle des traditions chrétiennes traditionnelles. En effet, selon des commentaires juifs de ce passage d’Ésaïe, l’ensemble constitue un nom et non pas des titres qui s’appliqueraient au Messie. Selon ce même principe, la Bible – Nouvelle traduction, édité par un groupe de presse d’obédience catholique, traduit ce passage de la manière suivante : « Merveille-de-Conseil Dieu-Valeureux Père-Toujours Prince-de-Paix ». Selon ces traductions, le nom ne décrirait pas la personne qui le porte, mais plutôt le Dieu qu’adore cette personne. Ainsi, en Ésaïe 39:1, le nom du roi babylonien Mérodac-Baladan signifie « le dieu Marduk a pourvu un héritier ».

Cependant, et pour conclure, la traduction juive de la Bible en français la plus connue, la Bible du Rabbinat, corrobore l’analyse que nous avons fait auparavant de ce passage. Elle rend ce passage de la manière suivante:

« on l'a appelé Conseiller merveilleux, Héros divin, Père de la conquête, Prince de la Paix »

 

Une analyse similaire de ce passage est faite par l’érudit André Chouraqui, qui traduit ce passage ainsi:

« Oui, un enfant est enfanté pour nous, un fils nous est donné. Et c’est l’autorité sur son épaule. Il crie son nom: « Merveilleux conseiller, héros d’Él, père pour toujours, prince de la paix ».

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