Sauf précision, tous les passages tirés des Saintes Écritures sont extraits de la Version Ostervald révisée édition de 1996.
Dans sa première lettre à Timothée, Paul le met en garde contre les « doctrines de démons » interdisant le mariage et contraignant à s'abstenir de certains aliments.
« L'Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns se détourneront de la foi, s'attachant à des esprits séducteurs, et à des doctrines de démons; Par l'hypocrisie de faux docteurs, dont la conscience sera cautérisée, Défendant de se marier, commandant de s'abstenir d'aliments que Dieu a créés, afin que les fidèles et ceux qui ont connu la vérité, en usent avec actions de grâces. Car tout ce que Dieu a créé, est bon, et rien n'est à rejeter, quand on en use avec actions de grâces; Parce que cela est sanctifié par la parole de Dieu et la prière » (1 Timothée 4:1-5).
Certains ont interprété ce passage de manière erronée, estimant qu’il signifie que les règles diététiques de la Torah sont des « doctrines de démons ». Cette interprétation est impossible pour un certain nombre de raisons. Tout d'abord, ce serait un blasphème que de croire que les commandements de Dieu puissent être des doctrines de démons. Paul lui-même observait la Torah, dont Lévitique 11. De plus, nulle part dans la Torah le mariage n'est prohibé. Au contraire, Dieu appelle l'être humain à croître, à multiplier et à remplir la terre. D'autres ont cru que ce passage signifiait qu'aussi longtemps que des viandes impures étaient mangées « avec actions de grâce » et avec « prière » alors ces viandes étaient sanctifiées par la parole de Dieu et il devenait acceptable de les consommer. Ceci aussi est une interprétation erronée de ce qu'écrivit Paul. Découvrons ce que sont réellement ces doctrines de démons.
Gnosticisme et Ascétisme
Il n'y a nulle prohibition du mariage dans la Torah. De fait, le judaïsme traditionnel considère le mariage comme une obligation. Dans le judaïsme, les relations sexuelles dans le cadre du mariage sont non seulement permises, mais elles sont aussi encouragées. Ainsi, il est tout à fait incorrect de croire que les « doctrines de démons » auxquels Paul fait référence en 1Timothée 4 aient quoi que ce soit à voir avec les enseignements juifs traditionnels en matière de mariage et de nourriture. À l’opposé, les premiers gnostiques enseignaient l'abstinence de relations sexuelles, de mariage et de certains aliments. Qu'est-ce que le gnosticisme? Le gnosticisme est une perversion du judaïsme (et par la suite de ce qui devint le christianisme) que les apôtres eurent à affronter et à réfuter. Parmi les nombreux et bizarres enseignements gnostiques, certains adhérents croyaient que le monde physique était intrinsèquement mauvais, et que le corps était une prison pour l'esprit. Seulement par le rejet du monde physique et de ses plaisirs, l'esprit pouvait être libéré et prendre son envol. Les gnostiques prêchaient une vision dualistique de l’univers dans lequel le monde spirituel était bon et le monde physique était mauvais. Certains groupes gnostiques pratiquaient un ascétisme extrême. Leurs adhérents renonçaient au sexe, à l'alcool et se soumettaient souvent à de longs jeunes et à des diètes rigides afin d'affaiblir leurs corps pour que leurs esprits puissent en être libérés. Ils croyaient que le secret d'un esprit libre était une connaissance secrète (gnosis) résultant d'une révélation divine, habituellement par le biais de visions et de rencontres avec des anges. Cette hérésie gnostique bien spécifique est celle que condamne Paul en 1 Timothée et en Colossiens.
Tout ce que Dieu a crée est bon
Dans sa première lettre à Timothée, Paul utilise Genèse 1:31 afin de réfuter les enseignements gnostiques. Alors que les gnostiques enseignaient que certains aliments étaient intrinsèquement mauvais puisque faisant partie du monde physique, Paul nous fait remarquer que la Torah affirme que « tout ce que Dieu a crée, est bon ». En effet, en Genèse 1:31 nous lisons « Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici, c'était très bon ». Cette bonté de l’œuvre de Dieu est manifeste par les relations sexuelles et les aliments, qui tous deux furent créer afin que nous en jouissions.
Paul, bien sûr, n'affirme pas que nous sommes libres de céder à la tentation et de manger de tout et de n'importe quels aliments ou que tous types de relations sexuelles sont acceptables. Bien au contraire, il affirme que toute nourriture permise ou toute relation sexuelle acceptable devrait être « sanctifié par la parole de Dieu et la prière ». Sanctifié, cela signifie mis à part. En effet, dans la Torah (la parole de Dieu) il a été « mis à part » certains aliments comme étant permis (Lévitique 11) et certaines relations sexuelles comme étant acceptables (Lévitique 18), les différenciant de ceux/celles qui ne sont pas autorisées. Le mariage et les aliments sont tous deux sanctifiés par les commandements de Dieu qui en permet certains et en interdit d'autres. De plus, selon la tradition juive, le mariage et la nourriture sont tous deux institués sous le couvert de la prière et de l'action de grâce, étant des bénédictions divines. Ainsi, Paul peut écrire : « rien n'est à rejeter, quand on en use avec actions de grâces; Parce que cela est sanctifié par la parole de Dieu et la prière » (1 Timothée 4:5).
Nous ne devrions pas rejeter ce que Dieu créa bon et acceptable, puis nous donna pour que nous en jouissions. Nous ne devrions pas également croire que tout ce que Dieu créa nous est permis. Les commandements de Dieu affirment bien qu'une relation intime avec l'épouse de notre voisin est inacceptable, et que nous ne devrions pas manger de chien.
Religion d'êtres humains
Paul qualifie le gnosticisme, non pas les lois du pur et de l'impur, de doctrine de démons. De la même manière, il s'attaque au gnosticisme dans sa lettre aux Colossiens. La ville de Colosses se trouvait non loin de la province de Galatie, et les croyants à Colosses se trouvèrent confrontés aux mêmes difficultés concernant la circoncision des Gentils (conversion) que l'on retrouvait en Galatie. De plus, les Colossiens semblaient avoir incorporé des éléments de gnosticisme dans leurs pratiques religieuses. Paul les reprend pour cette erreur dans sa lettre aux Colossiens.
« Que personne ne vous ravisse le prix par une humilité affectée, et par le culte des anges, s'ingérant dans des choses qu'il n'a point vues, étant témérairement enflé de son sens charnel, et ne s'attachant pas au chef, Duquel tout le corps, joint et étroitement uni au moyen des jointures et des liens, s'accroît d'un accroissement selon Dieu. Si donc vous êtes morts avec Christ, quant aux rudiments du monde, pourquoi vous charge-t-on de ces préceptes, comme si vous viviez encore au monde? En vous disant: Ne mange pas, ne goûte pas, ne touche pas; (Préceptes qui sont tous pernicieux par leurs abus) suivant les ordonnances et les doctrines des hommes, Lesquelles ont, à la vérité, quelque apparence de sagesse dans un culte volontaire, et dans une certaine humilité, et dans une austérité du corps, qui n'a aucun égard à ce qui peut satisfaire la chair » (Colossiens 2:18-23).
L'interprétation chrétienne traditionnelle de Colossiens 2:20-21 voudrait nous faire croire que Paul qualifiaient les commandements et les interdits de la Torah de « rudiments du monde » et d’ « ordonnances et [de] doctrines des hommes ». Puisque le début du chapitre fait référence à des sujets propres à la Torah (sabbats, festivals, nouvelles lunes, lois diététiques [Colossiens 2:16]), certains ont assumé que ces rites étaient des « ordonnances et [des] doctrines des hommes », « qui sont tous pernicieux par leurs abus ». C'est une erreur grave. Les « rudiments du monde » sont une référence au paganisme et aux croyances gnostiques, non pas aux commandements de Dieu. Les commandements contenus dans la Torah sont des enseignements reçus de Dieu, non pas des enseignements nés de l’imagination d'êtres humains. Le contexte général de ce passage permet de comprendre que Paul fait référence aux perversions gnostiques des vérités de Dieu, qui se voulaient être une connaissance censément secrète résultant de visions obtenues par des pratiques ascétiques rigoureuses.
Ombres du Messie
En Colossiens 2, Paul défend les commandements bibliques en affirmant que « personne donc ne vous condamne au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d'un jour de fête, ou de nouvelle lune, ou de sabbats; C'était l'ombre des choses qui devaient venir, mais le corps en est en Christ » (Colossiens 2:16-17). Concernant les commandements bibliques, Paul nous dit que nous ne devrions pas prêter attention à ceux qui nous jugeraient pour notre observance des commandements de Dieu, car en effet ils annoncent les choses à venir - une ombre portée par le corps du Christ lui-même. Toute ombre à sa forme porteuse d'ombre, et Paul nous apprend que les commandements bibliques sont comme l'ombre du Messie. Ils nous montrent la forme du Messie. Il s'agit des commandements de Dieu et le corps en est en Christ.
Nous pouvons par conséquent être certains que Paul ne s'attaque pas aux lois diététiques en Colossiens 2, mais dénonce plutôt un système religieux pervers se basant sur un ascétisme détournant certaines observances de la Torah. Du point de vue de Paul, la vision du monde gnostique dénigrant le monde physique est en désaccord avec la Bible. La Bible déclare : « Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici, c'était très bon » (Genèse 1:31).
Traduit d'après "HOLY COW!" par Hope Egan.