Sauf précision, tous les passages tirés des Saintes Écritures sont extraits de la Version Ostervald révisée édition de 1996.
Apocalypse 1:17
« Or, quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort, et il mit sa main droite sur moi, en me disant: Ne crains point; c'est moi qui suis le premier et le dernier, celui qui est vivant » (Version Ostervald).
Nous avons déjà auparavant évoqué cette expression « le premier et le dernier » lorsque nous avons discuté d'Apocalypse 1:11. Ce titre est utilisé à cinq reprises dans la Bible, deux fois en relation à Dieu (Ésaïe 44:6 et 48:12) ainsi que trois fois en relation au Christ (Apocalypse 1:17; 2:8 et 22:13). Les trinitaires aiment à croire que puisqu'un certain titre ou une certaine expression est utilisé en relation avec Dieu, lorsque l’on retrouve ce même titre en lien avec le Christ, celui-ci doit alors être Dieu. Cependant, il n'y a rien qui dans les Écritures permet de justifier une telle assertion. Lorsque nous considérons l'intégralité des Écritures, nous constatons que certains termes sont à la fois utilisés pour Dieu, pour le Christ ou pour d'autres êtres humains. Parmi les exemples que nous trouvons, nous pouvons citer les termes de « seigneur » (Romains 10:9), « sauveur » (Luc 1:47) ou « rois des rois » (1 Timothée 6:14-16). Si donc certains termes peuvent s'applique à Dieu, au Christ ou à d'autres êtres humains sans que nous ne devions considérer tous ceux qui les portent comme étant « un Dieu », il n'y a aucun raison de croire qu'il en soit autrement pour ce titre ou pour cette expression en particulier.
Dans l'Ancien Testament, Dieu est belle et bien « le premier et le dernier ». Le sens à attribuer à cette expression n'est pas spécifié, mais en Ésaïe 41:4 un indice nous est donné afin d'en comprendre la portée. Il y est dit de Dieu, qu'Il appelle dès l'origine les générations, étant au commencement avec les êtres humains, et qu'Il sera également avec les derniers.
« Qui a fait et accompli ces choses? Celui qui appelle dès l'origine les générations; moi l'Éternel, le premier, qui suis aussi avec les derniers » (Ésaïe 41:4).
Ainsi, les Écritures semblent établir un lien entre le fait d'appeler les générations et le fait d'être « le premier et le dernier ». Bien que Dieu fût celui qui appela les générations sous l'Ancienne Alliance, Il a désormais délégué cette autorité à Son Fils. Il est donc facile de comprendre pourquoi cette expression est utilisée en lien avec Jésus en Apocalypse. Jésus est celui qui va appeler les générations de ceux qui sont au tombeau pour les mener à la vie éternelle. Dieu donna à Jésus l'autorité de ressusciter les morts (Jean 5:25-27). De sa voix, il ressuscitera les justes (1 Thessaloniciens 4:16-17), et il changera nos corps en des corps glorieux (Philippiens 3:20-21).
Néanmoins, bien que Jésus ait reçu autorité pour ressusciter les morts, il n'a jamais pensé que cela fasse de lui Dieu. Il affirma toujours avoir reçu cette autorité du Père. « le Fils ne peut rien faire de lui-même […] Le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout le jugement […] Car, comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir d'exercer le jugement, parce qu'il est le Fils de l'homme » (Jean 5:19, 22, 26-27). De par cette autorité qui lui fut conféré d'appeler les générations à la vie éternelle, le Christ peut se voir associer le titre de premier et dernier, et ceci notamment puisqu’il est le premier bénéficiaire de la résurrection d’entre les morts.
Apocalypse 3:14
« Écris aussi à l'ange de l'Église de LAODICÉE: Voici ce que dit l'Amen, le Témoin fidèle et véritable, le Principe de la création de Dieu » (Version Ostervald).
Telle que ce verset est traduit ci-dessus, il n'y a nulle raison d'y voir une quelconque référence trinitaire. Ce passage s’accorde avec d'autres textes qui montrent Jésus comme ayant été déclaré Seigneur et Christ par Dieu.
Certaines traductions, comme la Darby ou la Segond 1910 ont décidé de traduire le terme « principe » (du grec « arche ») par « commencement ». Le terme « arche » peut en effet vouloir dire « commencement », « première place ou magistrature ». Certaines personnes en ont conclut à la lecture de ces versions de la Bible, que ce verset est trinitaire, puisque Jésus Christ y est décrit comme étant le « commencement » de la création originelle de Dieu et comme étant ainsi avant toutes choses. Cependant, si cette interprétation est exacte il s'agit d'un argument fortement antitrinitaire, puisque le Christ serait alors une créature de Dieu. L'arianisme est la doctrine selon laquelle Christ serait le premier de toutes créatures et selon laquelle Dieu aurait crée toutes choses au travers du Christ. Les versions Darby et Segond 1910 semblent plutôt supporter cette thèse.
Il est possible de comprendre le terme de « commencement », et certains l'entendent ainsi, comme s'appliquant à la nouvelle création qui s'établira en Christ. Le Messie, étant le « premier-né d'entre les morts », est selon cette interprétation le commencement d'une nouvelle création de Dieu. Bien qu'il soit tout à fait possible de comprendre ce texte de cette manière, le contexte de ce verset est celui du Christ gouvernant son peuple. Il les reprend et les châtie (verset 9) et leur accorde une place à côté de lui et avec le Père (verset 21). Il semblerait donc que de traduire « arche » comme « premier [en terme d’autorité] » ou « dirigeant », comme cela l’est dans certains versions anglaise (New International Version ou Common English Bible), et comme ce terme est traduit en d’autres endroits dans le Nouveau Testament, correspondrait mieux au contexte de ce passage. En Luc 20 :20, nous lisons:
« C'est pourquoi, l'observant de près, ils apostèrent des gens qui contrefaisaient les gens de bien, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer au magistrat [« arche »] et au pouvoir du gouverneur » (Luc 20:20).
À juste raison, le Christ peut-être appelé « dirigeant » ou « magistrat » puisque toute autorité, notamment en matière de jugement, lui fut donnée des mains de Dieu.
Apocalypse 21:6
« Il me dit aussi: C'en est fait; je suis l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. Je donnerai gratuitement de la source d'eau vive à celui qui a soif » (Version Ostervald).
Voir le commentaire concernant Apocalypse 1:11.
Apocalypse 22:13
« Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (Version Ostervald).
De toute évidence, un certains nombres de personnes sont représentés dans ce passage. Aux versets 8 et 9, l'ange s'adresse à Jean. Le verset 16 s'applique manifestement à Jésus. Au verset 17, ce sont l'Esprit et l'Épouse qui s'exprime. Enfin, celui qui parle au verset 20 est Jean, lui à qui fut donné l'ensemble de cette révélation prophétique. De la même façon, l'expression « l'Alpha et l'Oméga » aux versets 12 à 15 peut donc s'appliquer à Dieu, pour lequel ce terme est utilisé à deux autres reprises (Apocalypse 1:8 et 21:6). Quant aux termes « je viens bientôt » (verset 12), ils ne font pas nécessairement référence à Jésus. En effet, Dieu lui-même est décrit comme devant venir pour exécuter le jugement. En Ésaïe 26:21, nous lisons:
« Car voici, l'Éternel sort de sa demeure, pour punir l'iniquité des habitants de la terre »
En effet, même si Jésus Christ est celui par qui ce jugement sera exécuté, c’est d’abord parce que Dieu l’envoya afin qu’il accomplisse Sa volonté (Jean 5 :22, 26-27).